Vouloir mourir au XXI siècle / Coordonné par Mathieu Lacambre et Cécile Hanon

Vouloir mourir au XXI siècle / Coordonné par Mathieu Lacambre et Cécile Hanon
Editions Doin – John Libbey Eurotext, Collection Polémiques, 2021, 138 p.

# Ouvrage collectif

Présentation

Ce livre réunit un collectif d’auteurs dont plusieurs psychiatres, juristes, soignants, philosophes qui s’adressent à des lecteurs quelque peu aguerris sur le sujet tout en étant abordable et surtout richement documenté.

Les auteurs interrogent la place de la médecine dans la revendication d’un droit à mourir, convoquant le législateur à envisager une assistance médicale à la mort. Abordant des situations cliniques allant de l’interruption médicale de grossesse, à la fin de vie des patients atteints d’une maladie grave et incurable en passant par la psychiatrie, les auteurs nous font réfléchir sur la question de la fin de la vie de manière individuelle et sociétale. Entre le soin adossé à la médecine et l’aspiration socioculturelle voire économique d’envisager une prescription légale de la mort, les auteurs abordent l’ensemble des contextes et des enjeux du mourir du point de vue juridique, éthique, philosophique.

J’ai apprécié la réflexion globale pluridisciplinaire sur ce sujet, questionnant les accompagnements possibles mais aussi l’étude de l’impact sur nos pratiques en soins palliatifs, abordant l’intégrité professionnelle des soignants qu’il ne faut pas sous-estimer dans l’approche éthique de ces situations, toujours complexes.

Par Isabelle LAFONT, infirmière EMSP COMPAS

Extrait

Donc, quelle liberté pour quelle vulnérabilité ? « la liberté de choisir sa mort n’est pas plus importante que la liberté de trouver des solutions à nos problèmes et de continuer à vivre ». Force est de constater que notre société favorise les éthiques conséquentialistes. Néanmoins, demeurent ancrés certains interdits anthropologiques comme l’interdit de tuer, car il possède une fonction structurante rendant possible la vie en groupe et ouvrant à l’humanité. Ne pas respecter cet interdit expose, comme ce fut le cas lors de la seconde guerre mondiale, à l’atténuation des repères collectifs, aux modifications des valeurs communes admises dans la société et au déplacement du curseur des normes de l’individu vers le collectif. Dès lors, la transgression peut être possible, pouvant à l’extrême être régulée par la justice (si on légifère) ou par la vague émotionnelle de l’opinion publique dans une relation d’aide ou de soin à l’autre vulnérable.

Extrait de l’article “Aux sources d’une aporie : quand le suicide devient médicalement assisté” ; F. Chastang et al., p.41-42