Les femmes du lien / Vincent Jarousseau

Les femmes du lien / Vincent Jarousseau
Les arènes, 2022, 222 p.

# Roman-photo documentaire ; bande dessinée

Présentation

Constitué essentiellement de photos et de textes de bande dessinée, ce livre évoque le quotidien de huit femmes travaillant auprès d’enfants, de personnes âgées : peu formées, peu qualifiées, elles sont pourtant très investies pour ne pas dire essentielles auprès des personnes fragiles et vulnérables. Ces travailleuses de l’ombre, peu reconnues, déploient pourtant au quotidien beaucoup d’énergie tant physique que psychique et cela de façon « naturelle » comme j’ai pu le percevoir par les nombreuses photos qui m’ont rempli d’émotions.

Joséphine Hasy, aide-soignante

Extraits

Rachel, Accompagnante éducative et sociale : «  J’adore mon travail. J’aimerais tellement pouvoir continuer ici. J’aime beaucoup les résidents. Je fais tout pour eux, pour qu’ils se sentent bien. Je ne sais pas. C’est naturel chez moi. On a des échanges, même avec ceux qui ne parlent pas, un regard, une caresse sur les mains, c’est important de donner du baume au coeur … »

Séverine, Auxiliaire de Vie Sociale : «  Moi, ce que j’aime dans mon métier, c’est de pouvoir accompagner les personnes âgées dans la durée. Au moins, je me sens utile dans ce que je fais ».

«  Je m’inquiète pour eux. Je m’occupe de certains depuis tellement d’années ! Il y a des liens, forcément, ça m’affecte. Et puis quand il y a un décès, je ne peux même pas aller aux obsèques. Je suis obligée de travailler. Mais c’est mon travail qui veut ça. On nous dit de ne pas nous attacher. Mais comment faire quand on vient depuis si longtemps ».

Présentation

Le journaliste Vincent Jarousseau nous propose un livre-documentaire engagé sur des femmes dont le métier a pour pivot la relation d’aide : technicienne d’intervention sociale et familiale, aide à domicile, assistante maternelle, aide-soignante, accompagnante éducative et sociale, éducatrice spécialisée, auxiliaire de vie sociale et assistante familiale.

Son ouvrage est composé de photos illustrant le quotidien de huit femmes, et de bande-dessinées réalisées par le dessinateur Thierry Chavant pour raconter l’histoire de vie de chacune d’entre elles depuis leur enfance.

Vincent Jarousseau a à cœur de nous montrer leurs contraintes professionnelles (horaires, trajets, flexibilité…) ainsi que leurs conditions de vie difficiles (précarité, ruptures dans leurs chemins de vie : deuil, séparation, émigration…).

Cet ouvrage leur donne la parole, à elles qui œuvrent dans l’ombre au service des autres, qui se confrontent quotidiennement à la réalité de la condition humaine (accidents de la vie, handicap, maladie, vieillissement), et qui, à leur niveau, participent à tisser du lien social. Elles créent des relations authentiques avec des personnes qu’elles n’ont pourtant pas choisies.

Les soutiens qu’elles trouvent au sein de leur cercle familial ou amical leur sont essentiels.

Si certaines de ces femmes disent se sentir réconfortées par la gratitude de ceux dont elles prennent soin, d’autres souffrent du manque de reconnaissance de leur implication. Car tous ces métiers exigent un engagement personnel. Or, il arrive que le surcroît de contraintes mette à mal les valeurs personnelles.

Ce documentaire fait découvrir des métiers peu connus. Qui sait ce en quoi consiste la mission d’une TISF (Technicienne d’Intervention Sociale et Familiale), mission pourtant cruciale pour prévenir les difficultés liées aux carences éducatives ?

Chacune des huit femmes qui ont apporté leur témoignage est unique. Mais elles ont en commun d’exercer un rôle qui donne du sens à leur existence. Elles ne l’ont pas investi par hasard, leur parcours y étant pour quelque chose.

Vincent Jarousseau fait partie de ceux qui veulent que ces travailleuses bénéficient d’une image à la hauteur de leur utilité sociale, ainsi que des qualités humaines qu’elles mettent au service des autres (tact, intuition, attention à l’autre, compassion, discernement, sang-froid…). Sans elles, les blessés de la vie se verraient encore plus démunis.

Par Béatrice Forest, psychologue clinicienne